Eclipse Z7 Pratteln 8/10/21-Report

Je découvre, par hasard, qu'un concert d'Eclipse s'est glissé dans la programmation du Z7 à Pratteln, chez nos cousins suisses (allemands). Dommage, l'anniversaire de ma fille est programmé la veille et mon vieux corps de presque soixante balais n'est plus fait pour les répétitions de soirées … Ayant été relativement sage, ou sobre plus exactement, ayant pris soin d'éviter le(s) petit(s) derniers(s) pour la route, je me retrouve finalement plutôt en forme pour affronter les 2 heures de route, le concert,le trajet du retour et je fais plaisir à mon épouse, fan du groupe en particulier et des grands blonds suédois à crinière, en général.

Le trajet me permet, un fois de plus, de me dire que la vallée du Doubs franco-suisse est magnifique. Pour une fois, Octobre n'est pas pressé de faire rouiller les feuillages et d'apporter, aux forêts,  ces nuances cuivrées qui annoncent la morte saison. Bâle s'approchant, le paysage devient béton, jusqu'à l'omniprésence d'usines fumantes et un urbanisme oppressant.

Eclipse est présent pour une date unique en Europe, leur nouvel album, Wired, étant sorti 3 jours plus tôt. J'imagine que l'idée est de rôder les nouveaux titres sur scène.
Une fois passée le contrôle et la demande d'un ausweiss, mot d'un autre temps que je n'imaginais pas entendre un jour, la salle est accessible sans masque ni autre contrainte.
L'attente est meublée uniquement par les chansons de ce dernier LP. L'auditoire est composé d'une population très hétéroclite, des jeunes fans très boys bands,  des  papys qu'on attend plutot à la boulangerie quand c'est l'heure de pointe même s'ils ont la journée pour acheter du pain, des chevelus à la veste en jean patchée Slayer mais qui, comme tout bon métalleux, ne sont pas insensibles à la mélodie…

Les lumières s'éteignent, l'intro représente le son d'une radio qui zappe de titres en titres, de standards de hard-rock en hymnes du métal  pour s'arrêter sur un Cum On Feel The Noise de Slade de très bon goût et annonciateur de musique de qualité !

Le 4 premières interprétations sont tirées du dernier album et s'enchaînent sans temps morts ? Que dire ? C'est du Eclipse, la signature est là, on ressent quelques influences de groupes du passé mais l'usine à tubes et à refrains immédiatement mémorisables est en route. Je suis sur le c.. de voir que le fan club, féminin, des quadras bien avancées, chante déjà à tue tête des refrains connus de 3 jours.

Erik Martesson s'adresse, ensuite, au public et raconte combien il est bon de revenir sur scène, de revoir son public, de jouer enfin et de retrouver le plaisir de partager des créations devant un auditoire. Eclipse n'est plus monté sur scène depuis le début de la pandémie et cette soirée du Z7 est une première donc l'émotion est véritable. Je me dis que mon dernier concert date d'octobre 2019 et que c'était déjà Eclipse sur scène. Putain, déjà deux ans ! Je me prends à rêver d'une boucle bouclée, d'une fin de toute cette crise sanitaire, le retour à la vie d'avant comme si je reprenais le livre à la page que j'avais marquée, deux ans plus tôt.

Les anciennes compos tiennent la route, Eclipse les maîtrise depuis longtemps, c'est carré propre avec l'impression d'écouter le CD dans son salon. Je cite, au hasard, the storm, I don't wanna say I'm sorry, stand on your feet, all died young, black rain, vertigo, the downfall of eden …
Ouah, quelle ribembelle de brûlots heavy mélodiques qui donnent l'impression que Russ Ballard est relégué en seconde division.
Pour les nouveautés, je n'ai pas le recul nécessaire mais je les ai prises en pleine poire, c'est solide, mélodique, musclé et prenant. Erik n'est pas le premier venu, chanteur ou guitariste de WET, Nordic Union. Magnus est un solide guitariste qui aurait facilement tenu un rôle de guitar hero dans les 80's et les 2 frères Crusner forment une section rythmique carrée tout en apportant un jeu de scène dynamique et drôle …

Saturday night (Halleluya) et un hymne à chanter haut et fort et fera un carton lors des échanges avec le public !

Run for cover et son intro presque celtique laisse la place à Erik avant de basculer vers un refrain qui donne une impression de déjà entendu mais loin d'être désagréable. La guitare se fait ensuite cornemuse, le solo final est aérien et mélodique, joli tout ça !

Pour carved in stone, le passage calme du set, Erik annonce qu'il va certainement se rater mais fait promettre au public de dire que tout c'était parfaitement passé. Tenir seul une telle chanson en guitare et voix relève de la performance. Quand ensuite viennent les autre musicos, le morceau se fait plus solennel.

Twilight et ses Oh-Oh-Oh, très rebondissant, un brûlot de métal mélodique pour secouer les popotins !

Pour Bite the bullet, Erik nous dit avoir utilisé pour la première fois un phaser à la Eddie Van Halen car encore sous le coup du décès d'Eddie. Selon lui, le titre a naturellement évolué vers un style heavy metal old school. C'est effectivement le cas dans la rythmique, dans la structure et dans le refrains ''Bite the bullet'' est ponctué de ''Bite'' en choeur. Très surprenant, l'intermède à la guitare claire digne des Shadows et la remontée en puissance ensuite pour relancer la mécanique en mode char d'assault.

A noter quelques problèmes de jacks pour le bassiste et le guitariste et Erik qui leur demande, en riant, quand il seront ''wired''

La Suède nous a apporté les krisprolls, ses dimanches à monter ces meubles en kit de m….., et les divorces qui ont failli s'ensuivre. La Suède est aussi le pays de l'acier de qualité, fin, solide et coupant, à l'image d'Eclipse. Treat, Heat,  Hardcore Superstar et tant d'autres, comment font-ils pour aborder généreusement ce style délicat et ne pas tomber dans la mièvrerie sucrée ? La passerelle entre Scorpions, bon Jovi et consorts et la relève moderne est belle et bien édifiée avec ces groupes !

Belle soirée sous le signe de la mélodie musclée mais surtout émouvante pour ce retour à la vie d'avant, la seule qui compte, la fête, l'échange et pouvoir enfin se retrouver pour une même passion.

Setlist:

Roses on Your Grave
Run for Cover
Dying Breed
Saturday Night (Hallelujah)
The Storm
Battlegrounds
Hurt
Mary Leigh
Jaded
Drum Solo
Blood Enemies
Carved in Stone
The Downfall of Eden
Black Rain
Twilight

Encore:
Viva la victoria
I Don't Wanna Say I'm Sorry