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whyl a écrit:

Alors, donc... en revenir à L'ARMEE D'EDWARD, de Christophe AGNUS, qui signe là son premier roman. Un homme dont j'ignorais tout.
Aucun copinage donc dans ce qui va suivre. Mais comment en parler sans rien divulgâcher?
Mince de challenge. Envie de la jouer aux sensations. C'est un commentaire laudateur qui m'a poussé vers ce roman de 500 et quelques pages... dévoré en 4 jours.
Comme je peux le faire pour les meilleurs polars de Franck Thilliez ou les romans de l’ami Henri Loevenbruck .
Pourtant, au début, les deux ou trois premiers chapitres me laissaient un rien dubitatif.
J’ai d'abord redouté de tomber sur un polar un peu trop écolo préchi-précha, plein de ces bons sentiments ou de morale attendue, qui ne font que rarement une bonne littérature.
J'avais tort. Bien m'aura pris d'avoir persisté dans le récit : plus j'avançais, plus ça devenait passionnant, sans longueurs ni faiblesses aucunes. L’intérêt se relançait sans cesse.
Se laisser ainsi conduire; au fil des chapitres se demander où tout cela conduisait, sans la moindre faille dans l'intrigue.
Je redoutais aussi une accumulation des lieux, personnages, détails, incidentes, m'inquiétant de m'y perdre bientôt. Or il y a bien deux choses que je déteste dans un récit que je savoure.
Que l'auteur se prenne les pieds dans son propre tapis, et mette sous le nez une incohérence de scénario. Ou pire, qu’il oublie d'apporter des réponses à des questions qu'il a lui-même posées.
Or là, j'ai ressenti la même jubilation qu'avec les meilleurs James Ellroy. Ceux où rien, absolument rien, n'est jamais énoncé par hasard.
Où tout s'imbrique implacablement, jusqu'aux plus petits détails qu'on avait cru posés là pour faire du volume à pas cher. Tout dans ce roman trouve sa place
et vient faire sens au bout du compte, avec une précision qui m’a impressionné. Cela conduit à saluer l'intrigue elle-même, et le travail considérable d'auteur,
de la préparation minutieuse jusqu'à la mise en lignes. Et il y a le talent, la créativité, l'imagination, le style, et plus que tout, LE TRAVAIL.
Et l'HISTOIRE, me direz-vous ? Comment donner l'envie, sans spoiler, sachant que la 4ème de couv' à elle seule ne m'aurait pas forcément convaincu ?
L'ouvrage m'évoque un conte moral du 21eme siècle pour grandes personnes connectées et soucieuses du monde ; une fable 2.0, dopée à l'adrénaline, tellement implacable
qu'à côté Casa De Papel évoque un braquage de boulangerie par des gamins de douze ans. Je soupçonne l'auteur (il cite une fois la série) d’y avoir puisé sinon l'inspiration
(l'histoire n'a rigoureusement rien à voir), du moins l'envie d'inventer une machination aux ingénieux et multiples rouages, où l’on irait d’étonnements en surprises
sans être un instant lassé ou circonspect. Et pour le coup, c'est vraiment du sérieux. Reste à savoir si tout cela, tout bien pesé, demeure crédible.
Vu que dans la Casa Machin chouette, on finissait tout de même par se demander si d’aventure les scénaristes
ne nous prenaient pas un peu pour des benêts.
En l’occurrence, il se peut que des cerveaux gauches un peu trop rationnels, tatillons ou ronchons, ayant oublié leurs euphories d’antan, demeurent sur la plage à se dire que tout de même,
on pousse là le bouchon un peu loin. En revanche, si vous avez un cerveau droit en état de marche, empathique, pas coincé de l’imaginaire et demeurant sensible aux dérives innombrables
d'un monde malmené à tous crins, climatique, finance, corruption, injustice, cynisme politique et plus si affinités…
... Si vous êtes geek, fasciné des nouvelles techs et de leurs usages, jusqu'aux plus tordus ou inattendus… Alors vous tenez là un pur plaisir d’intelligence et d’humanité.
Je veux rien dire, mais je soupçonne Christophe Agnus d’avoir une suite en préparation. Si elle est de ce niveau, je la prends de suite, la suite !