POWERWOLF - Solothurn 08/04/16

Salut,

Autant le dire tout de suite, l'humeur de cet après concert est plutôt mitigée, l'impression d'avoir vécu un magnifique moment gâché par des circonstances que j'évoquerai tout au long de ce report.
Solothurn, Soleure pour les francophones, bien qu'à une heure de la maison, je n'y avais jamais mis les pieds, ni les oreilles, en l'occurence.
Arrivé sur place, le site est magnifique, grand blockhaus en métal rouillé, affublé d'une banderole ''Rust'nroll Kulturfabrik''. Un nouveau temple pour la musique métallique ? En tout cas, ça en a tout l'air! Mon enthousiasme va pourtant lentement décliner ... Tout d'abord, je suis sur le cul, aucune fouille à l'entrée, un scan du billet, un tampon et basta, tu rentres avec des bouteilles en verre, et plus si affinité... L'architecture du local, si grande à l'extérieur, se révèle exiguë et mal proportionnée. L'architecte a du obtenir son diplôme avec mentions ''grands couloirs, toilettes pour famille de 3 personnes, pas d'aération et portes pas larges'' En pénétrant dans la salle, je vois que la table de mixage occupe un quart de la salle, je choisis de rester dans la fosse plutôt que de monter à l'étage, choix que je regretterai ...
Serenity prend place (enfin le mètre de bord de scène qui leur était accordé...) pour une demie-heure de power metal très mélodique basé sur des harmonies vocales à quatre. Très agréable, en tout cas attachant.
J'ai une conception personnelle du power metal, je pense que ce style kitch et désuet peut devenir un magnifique spectacle s'il est associé à un décorum, à des gimmicks et pas pris au sérieux. Sabaton et son G I Joe metal, Running Wild et Halestorm et leurs histoires de pirates sont passés maître dans la mise en scène de ce style. Quand on se fringue avec un slip kangourou coton et un sous-pull bleu pétrole, c'est drôle si c'est Phiippe Catherine qui les porte, ultra ringard si c'est par conviction. Ma comparaison est rude mais c'est ce  que j'ai ressenti en regardant Battle Beast ... Les clichés se sont empilés sans prendre le temps de souffler, musiciens poseurs, solos qui reprennent la mélodie du refrain et à chaque chanson ''Are you ready for à real heavy metal party ?'' Et la chanteuse  ... Le sommet étant atteint avec Black Ninja, sorte d'hymne au  San Ku Kai de ma jeunesse. Autre sujet qui me taraude, pourquoi ces deux groupes de première partie, qui disposent d'un temps compté, conservent leurs intros samplés interminables ?
Les ennuis ont commencé pendant la prestation de BB avec la prise de possession de la salle par une horde de tarés sous acide qui ont décidé de pogoter violemment avec une réelle envie de faire mal. Des gamines se sont retrouvées soulevées et mal portées par un public pas prêt à le faire. Des bousculades se sont organisée pour écraser les premiers rangs contre les barrières. Après quelques coups échangés, les plus sages, dont moi et mes proches se sont écartés pour laisser place à ces abrutis. L'auto-discipline helvétique a ses limites (aucun service d'ordre !), je promets un avenir sinistre à celle salle si les organisateurs ne mettent pas en place les moyens de sécurité nécessaires.
C'est dans cette ambiance pesante que Powerwolf prend possession des lieux et de quelle manière! Toujours sans bassiste, ce groupe convie les fidèles d'un soir à la grande messe noire. Le tryptique lycanthrope, religion et cul, associé à quelques dérives ''vampiristiques''
fonctionne à merveille avec ce style de musique. Attila, en grand maître de cérémonie, tient la foule dans sa main et manipule ses ouailles
à l'envie. Quelle voix de ténor ! Quand il demande à la foule s'ils sont possédé, il couvre, ton par ton, une tessiture que je n'ai jamais vue aussi large en live. Les poses verbales délirantes d'Attila, malheureusement pour moi en allemand, les départs de titres mode cavalerie,
et quelques collisions tête contre tête viennent enfin à bout des bestiaux pogoteurs histériques. Le concert reprend une forme que j'aime,
avec beaucoup d'échanges avec le public, des morceaux construits pour que les fans puissent chanter et participer.
Après une heure et demie de blasphèmes, d'accumulation de péchés mortels et une bénédiction supplémentaire de 2 titres pour brûler les derniers hérétiques, Powerwolf quitte la scène, visiblement épuisés. Quel pied, une soirée qui ferait que Christine Boutin s'auto enflamme,
une dose de perversité religieuse parodiée bien que loin de la réalité actuelle (N'est-ce pas monseigneur Barbarin ...) j'en redemande!
L'épisode des violents excités n'aura pas totalement gâché cette soirée mais j'avoue que je n'avais jamais vécu une telle situation dans un concert métal où l'ambiance est, d'habitude, si fraternelle ... Kulturfabrik, fait un travail de discipline, muscle ton personnel, étudie les moyens d'évacuation sinon ton joli temple pourrait devenir un lieu de drame.

je vous laisse, je dois rejoindre un monastère pour une retraite d'une semaine, en confession permanente, agrémentée de quelques coups de fouet, et encore je ne suis pas certain de pouvoir être absous ...

A+,

Rico

Merci pour le report !Je n'avais jamais entendu parler de cette salle, je saurais me souvenir de ce que tu as dit si jamais je dois y aller.